Dans les roseaux, au bord de la mer
Sentir son parfum avant de la voir vraiment. Seulement apercevoir le vide après les arbres et savoir par conséquent qu'elle est là, qu'elle nous attend. Entendre son roulis avant de poser ses pieds dans le sable, percevoir la douce rengaine des vagues s'étalant sur la grève.
Et puis la voir. Ce n'est pas le bleu des jours d'été sous le soleil écrasant, où le parfum de la crème solaire et autres beignets l'emporte bien souvent sur celui de l'iode, discret en Méditerranée. Non, c'est un gris bleuté de fin d'hiver, sous un ciel pommelé et une plage désertée par les touristes et les locaux, trop habitués à l'avoir pour décor. La plage pour moi seule. Le calme. Assise dans le sable, j'observe longtemps le véliplanchiste et je retire mes pieds sous mes genoux à l'approche des vagues. Il fait doux, on pourrait presque retirer des chaussettes pour aller goûter l'eau et dire que, finalement, elle n'est pas si froide. Oui, mais voilà, on n'a pas pris de serviette. Tant pis, une autre fois.
Reprendre la balade et se sentir happée par l'odeur des eucalyptus, lourde de souvenirs: soleil, tongs, peau brunie, vacances. Les mimosas nous entourent de toutes parts, mais on arrive un peu tard, leur jaune n'est plus si lumineux que déjà il se fane. Les pins parasols, majestueux, offrent une ombre pas encore recherchée, ils auront leur revanche en juillet.
Observer les canards au bec rouge et les flamands roses dans les marais, qui, imperturbablement, plongent la tête dans l'eau et la ressortent, à intervalles réguliers. Retourner sur la plage, se poser au soleil qui cesse de jouer avec les nuages pendant un court moment et profiter. S'allonger. Observer. Photographier. Apprécier.
Retourner à la voiture les joues toutes rouges, les cheveux emmêlés et les chaussures remplies de sable et se sentir reposée, ressourcée d'avoir retrouvé son élément. Comme un retour aux origines.
Et se dire que si on l'aime tant, si on parvient à l'apprécier jusque dans ses moindres détails, cette mer, c'est sûrement parce qu'on en est privée la plupart du temps.
//Sur le chemin du retour, céder à la tentation//